Symptômes de la ménopause : les femmes se traitent peu

Une étude conduite par le GEMVI (Groupe d’études sur la ménopause et le vieillissement) montre que, si la grande majorité de femmes ont ressenti des troubles gênants liés à la ménopause, peu suivent un traitement pour des raisons diverses dont la peur des traitements hormonaux.

Dans cette étude, 12 % des femmes n'ont jamais parlé de leurs symptômes liés à la ménopause.

Sommaire

  1. Le traitement hormonal substitutif (THS) de la ménopause jusqu’en 2002
  2. Place du THS en 2013
  3. Une étude sur la perception et le traitement des symptômes de la ménopause
  4. Variété, chronologie et vécu des symptômes
  5. Freins et motivations au traitement
  6. Les options thérapeutiques

Le traitement hormonal substitutif (THS) de la ménopause jusqu’en 2002 “Avant 2002, le traitement hormonal substitutif (THS), utilisé pour traiter les symptômes liés à la ménopause était considéré comme une sorte de traitement de jouvence en raison de ses bénéfices sur la qualité de vie des femmes ménopausées et de son effet protecteur cardiovasculaire“, rappelle le Pr Patrice Lopès, gynécologue obstétricien et président du GEMVI. Mais au cours de la même année, l’étude WHI (Women’s Health Initiative) qui avait été conduite depuis 6 ans sur 8506 femmes ménopausées sous THS combiné (

oestrogènes +

progestérone) par voie orale était arrêté en catastrophe car les données montraient une augmentation d’accidents cardiovasculaires et du risque de cancer du sein. Très médiatisés, ces résultats ont eu comme conséquence le refus ou la limitation importante d’indication du THS, tant de la part de femmes comme de nombreux médecins.Place du THS en 2013“Douze ans plus tard, le

THS est prescrit de façon plus raisonnable et structurée“, déclare le Pr Lopès. Globalement, le THS est donnée aux femmes qui présentent des symptômes importants, de préférence au début de la ménopause, sur une période limitée, en évaluant régulièrement la patiente et en suivant les recommandations pour la surveillance du cancer du col de l’utérus et du sein. Le THS est particulièrement utile pour prévenir la perte osseuse à l’origine de l’

ostéoporose. Pour les oestrogènes, on préfère actuellement la voie transdermique pour éviter le risque thromboembolique et l’utilisation de progestérone naturelle. Le Dr Florence Trémollières, endocrinologue et secrétaire général du GEMVI précise que, “ce n’est pas tant le THS qui expose au risque de cancer du sein mais la durée de l’exposition aux oestrogènes. En effet, plus la durée d’exposition à cette hormone est longue, plus le risque de cancer du sein sera important, par exemple en cas de puberté précoce et de ménopause tardive“. Et d’ajouter : “bien entendu, les hormones ne sont pas les seuls facteurs impliqués dans le risque de cancer du sein“.Une étude sur la perception et le traitement des symptômes de la ménopauseEtant donnée l’évolution de la prise en charge des symptômes de la ménopause suite au contexte de l’étude WHI, le GEMVI a conduit une étude afin d’identifier les freins et les motivations à traiter les symptômes de la ménopause en France. L’étude a été réalisée en avril-mai 2013 auprès de 1001 femme âgées de 45 à 65 ans déclarant être en péri-ménopause ou ménopausées et représentatives en termes d’âge, de catégories socioprofessionnelles, de région et de taille d’agglomération.  Sur l’ensemble des répondantes, 20 % étaient en péri-ménopause et 80 % ménopausées (perte des règles depuis un an). Focus sur les principaux résultats.Variété, chronologie et vécu des symptômesLa majorité des femmes (82 %) a ressenti au moins un symptôme lié à la péri-ménopause ou à la ménopause alors que 74 % souffraient, au moment de l’étude, d’au moins un symptôme. Les symptômes sont très variés. En tête de liste, sont ressentis des bouffées de chaleur (82 %), des sueurs nocturnes (60 %), une prise de poids (41 %) et des troubles du sommeil (30 %). Une donnée intéressante, 14 % des femmes déclarent avoir ressenti des douleurs articulaires tout en l’attribuant à la ménopause, symptôme dont on ne parle pas, en dehors des problèmes rhumatismaux.Quant à la chronologie des troubles, près de la moitié des répondantes a eu les premiers symptômes avant 48 ans et 24 % plus tardivement, entre 53 et 65 ans. Les symptômes semblent s’estomper avec l’âge.Parmi les troubles les plus gênants sont évoqués  la prise de poids suivie des bouffées de chaleur et des symptômes nocturnes (sueurs, troubles du sommeil). Les femmes plus jeunes, entre 45 et 50 ans, sont celles qui ressentent le plus les symptômes. Par ailleurs, si 83 % ont parlé de leurs symptômes à leur médecin généraliste ou gynécologue, 12 % d’entre elle n’en ont jamais parlé à personneFreins et motivations au traitementDans l’ensemble, peu de femmes traitent leurs symptômes : 13 % seulement sont actuellement traitées, 21 % ont pris un traitement et 14 % peuvent l’envisager. Mais pour 52 %, le traitement n’est pas envisagé. Les raisons principales avancées pour ne pas se traiter sont le fait de considérer la ménopause comme une étape de la vie ne nécessitant pas de traitement (30 %) et l’absence de conséquences des symptômes sur la vie sociale ou sur son propre bien-être (respectivement 26 et 23 %).Quant aux motivations, elle est dépendante du degré de la gêne causée par les symptômes. Dans cette étude, deux symptômes principaux déterminant la prise d’un traitement se dégagent : les bouffées de chaleur (78 %) et les sueurs nocturnes (76 %). Avant de se traiter, 54 % des femmes ont attendu un an ou moins après la survenue des symptômes. Sans surprise, la prise de traitement diminue avec l’âge, passant de 20 % à 45-50 ans à 7 % entre 61 et 65 ans.Enfin, l’arrêt d’un traitement et principalement motivé par la disparition des symptômes mais aussi par les effets secondaires (23 % des femmes sous THS).Les options thérapeutiquesTraitement hormonalFait intéressant, si l’efficacité des traitements est reconnue par une majorité des femmes, 72 % déclarent que les traitements hormonaux leur font peur. Cependant, parmi les femmes qui se traitent, 49 % prennent un traitement hormonal. Mais l’efficacité du THS est limitée : dans 55 % de cas, le traitement hormonal n’estompe pas complètement les symptômes.Traitement non hormonal17 % des femmes actuellement traitées ont un traitement médicamenteux non hormonal dont 6 % un traitement homéopathique.  Cette même donnée est retrouvée chez les femmes non traitées actuellement mais qui envisagent un traitement.Concernant le traitement homéopathique, si 2 femmes sur 3 connaissent la médecine homéopathique, seulement 1 sur 10 font le lien entre les symptômes de la ménopause et le recours à l’homéopathie. Pour le Dr Monique Quillard médecin généraliste exerçant dans l’Essonne et pratiquant également l’homéopathie, “chez la femme ménopausée ou en péri-ménopause, l’homéopathie peut être utile pour soulager les symptômes liés à la ménopause. Pour être efficace, il convient d’étudier chaque patiente dans son contexte global et personnaliser le traitement, qu’il soit hormonal ou non hormonal“.