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Dans « Le Pacte », écrit par Emily Chain et Anaël Verdier, quatre amis se font la promesse de tout faire pour réaliser leur rêve. Si vous avez raté le début, rendez-vous sur notre site ou téléchargez l’app Rocambole ! Voici les épisodes de la semaine du 28 juin pour celles et ceux qui les ont ratés…
Épisode 22 – Ras le bol
— Non seulement mes beaux-parents squattent l’appart, mais au bureau, l’ambiance est si tendue qu’on l’impression que ça va péter d’un instant à l’autre.
— Encore les problèmes d’organisation de tes patrons ? demande Louise.
— C’est pas ça, on a un concours à remettre la semaine prochaine. Ils veulent que tout soit impeccable.
— Je vois, et ils vous rajoutent de nouvelles exigences tous les jours, comme à chaque fois.
Samia hoche la tête, dépitée.
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— Ça s’appelle un manque d’organisation, tranche Louise.
— Mais non, c’est comme ça dans toutes les agences, on est tous charrette à l’approche des rendus.
— Appelle ça comme tu veux, mais dans une boîte qui gère bien ses projets, ça n’arrive pas.
— Qu’est-ce que tu en sais ? C’est comme ça dans le milieu.
— Quoi qu’il en soit, tu connais mon opinion. Avec des conditions de travail pareilles, tu devrais être payée trois fois plus.
— Tu plaisantes ? Je suis sortie d’école il y a à peine un an. J’ai encore tout à apprendre.
Louise commente d’une moue dubitative mais préfère changer de sujet.
— Tes beaux-parents, hein ? Alors c’est vraiment sérieux, ce mariage ?
— Ne m’en parle pas. Ils sont sur moi dès que je rentre. Ils me bombardent de questions sur la déco, le menu, les invités. J’avais envie de la cérémonie la plus minimaliste possible, je vais finir dans un château.
— Et David, il s’en occupe un peu ?
Samia soupire.
— Si on veut. Il est tellement blasé de ses parents qu’il dit oui à tout.
— Ben ça promet, s’amuse Louise. Je suis invitée ?
— Mmmh, je me tâte encore.
Épisode 23 | Mamidou ? Non l’autre.
— Le chat est tombé malade, il a fallu l’amener chez le vétérinaire, et tu sais comme c’est compliqué avec lui à chaque fois. Le frêne au fond du jardin est plein de pucerons, on a tout essayé. Tu as appelé ta grand-mère ? Elle n’est pas bien, ça nous inquiète.
— Mamidou ?
— Non. Elle est increvable, celle-là. Je te parle de ma mère.
Samia est surprise :
— Je l’ai vue avant-hier, elle m’a parue en pleine forme.
— C’est parce qu’elle ne veut pas t’inquiéter, elle fait semblant.
Samia se demande surtout si sa mère est capable de se réjouir, pour les autres autant que pour elle-même. Son sourire est aussi rare qu’un tableau de Soulages criard. À chaque conversation, Samia subit la même litanie de problèmes, difficultés et contrariétés qui transforment la vie de sa mère en un parcours du combattant sans fin.
— Je t’appelais à propos du mariage, précise-t-elle pour interrompre le flot pessimiste.
Elle pourrait presque sentir la crispation de sa mère sur le combiné.
— Les parents de David veulent vous rencontrer, annonce Samia d’un coup, comme on arrache un pansement.
— Ça va être compliqué. Vous ne nous laissez pas beaucoup de temps.
— Nous venons la semaine prochaine.
— Il faut que je voie avec ton père.
— Maman, arrête de chercher un prétexte, c’est mon mariage, c’est important.
Sa mère pouffe avec dédain à l’autre bout du fil.
— Un “mariage”…
Samia prend sur elle. Un défi à la fois, se rappelle-t-elle.
— Au fait, continue sa mère, ton père ne pourra pas venir le jour J.
Samia s’étouffe.
— Tu nous préviens trop tard aussi, il avait déjà un engagement.
Épisode 24 – Rencontre au sommet
— Tu plaisantes ? Ça ne pourrait pas être pire. Ce sont les personnes les moins compatibles du monde.
— Arrête, t’exagères. Ça va bien se passer.
David se gare devant la maison d’enfance de Samia. Le 4×4 de ses parents est déjà là.
— Et en plus, ils sont en avance !
Tout semble couler sur David, dont l’optimisme frôle l’insouciance. L’opposé de Samia et de sa constante fébrilité. Elle y trouve du réconfort par moments mais dans le cas présent, cela l’irrite. Ne mesure-t-il pas l’ampleur du désastre ? Ses parents lui font honte depuis qu’elle est toute petite. Ils sont trop… trop peu… Commencer à énumérer tout ce qui ne va pas chez eux lui semble impossible.
— En tout cas, j’ai hâte de voir ça.
Elle soupire :
— Tu ne comprends vraiment pas, hein ?
Comment le pourrait-il ? Elle a vu où il a grandi, avec quels privilèges, avec quel amour. Elle essaiera de lui expliquer, un jour, peut-être. Pour le moment, la priorité est de limiter la casse.
— On n’aurait jamais dû leur en parler, regrette-t-elle.
— Ils auraient fini par le savoir.
Sa sœur n’est pas venue cette fois. Un cataclysme lui a suffi. Samia sera seule pour tenir la barre de la dignité familiale.
Le tableau est à l’image de ce qu’elle craignait. Le père de David penché en riant vers son père à elle, qui lutte pour garder l’ascendant sur la conversation à coups d’anecdotes barbantes. Sa mère assise à mi-fesse au bord de sa chaise, figée, les lèvres pincées tandis que la mère de David déplie sa liste d’invités.
— Tu vois, chuchote David, ils n’ont pas besoin de nous.