En train, en bateau, à dos de dromadaire ou en ballon, ntDavid Tennant (Doctor Who, Broadchurch) est époustouflant dans le costume du gentleman Phileas Fogg. Tête d’affiche et coproducteur du Tour du monde en 80 jours, adaptation du roman de Jules Verne, dont les derniers épisodes de la première saison sont diffusés ce lundi à 21h05 sur France 2, la star écossaise revient pour 20 Minutes en visioconférence sur un tournage titanesque qui a duré bien plus de 80 jours…
Aviez-vous lu le roman avant qu’on vous propose le rôle ? Ou d’autres œuvres de Jules Verne ?
L’histoire m’était familière. J’avais lu 20.000 lieues sous les mers, il y a longtemps. Je n’avais pas lu Le Tour du monde en quatre-vingts jours. Je suppose parce qu’il s’agit d’une de ces histoires qu’on connaît depuis toujours, notamment grâce aux adaptations. Il y a toujours l’essentiel, la même mécanique, autour du tour du monde en 80 jours, et ce moment où c’est devenu possible au XIXe siècle, comme dans notre version. Au-delà de cela, ce roman est une sorte de terrain de jeu pour les scénaristes qui construisent leurs propres petits châteaux de sable sur chaque escale. On obtient une sorte d’arc narratif avec à chaque étape des obstacles à surmonter, qui convient parfaitement à la structure d’une série par épisode. Maintenant, j’ai lu le roman, vous ne savez pas à quel point il m’a été utile ! Mon Phileas Fogg est très différent de celui de Verne, mais c’est toujours un Anglais guindé qui va dans ce club ridicule tous les jours et mène un style de vie prétentieux.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de jouer ce Phileas Fogg ?
Ce qui m’a particulièrement intéressé en tant qu’acteur, c’est que ce Phileas Fogg n’est jamais sorti de sa zone de confort ultra-protégée. Il n’a jamais mis les pieds à l’étranger. Il n’a jamais quitté le Royaume-Uni… Il n’est jamais allé plus loin qu’Edimbourg. C’est très malin de la part d’Ashley Pharoah [le scénariste] d’avoir fait de Fogg une sorte d’homme-enfant, plein de peur, d’insécurité et de doutes et qui n’a jamais osé faire quoi que ce soit. Fogg devient le prisonnier de ses propres limites. D’un point de vue dramatique, cela rend touchant cet humain mal équipé, errant à travers le monde et essayant d’accomplir cette tâche apparemment impossible. C’est ce dont nous avions besoin pour raconter à nouveau cette histoire et, espérons-le, pour capter un nouveau public.
Votre Fogg a des étoiles plein les yeux quand il découvre le monde, c’est une sorte de rêveur et de romantique, non ?
Oui, tout à fait. C’est un rêveur romantique frustré, il n’a jamais osé passer à l’action. J’aime beaucoup les scènes de l’épisode 2 lorsqu’il rencontre le petit garçon italien fasciné par les voyages dans l’espace. Il voit Fogg comme un héros, ce que Fogg sait qu’il n’est pas, mais il se voit dans ce petit garçon. Ce personnage lui donne le courage de poursuivre l’aventure, parce que Fogg voit la version de lui-même à 8 ans qui le regarde avec émerveillement. N’importe quelle histoire d’aventures ne prend vraiment vie que si les personnages comptent pour nous, que l’on se soucie de leur sort. Et je pense qu’on voit l’enfant dans ce personnage.
Une série d’époque dit des choses sur l’époque dans laquelle elle est produite. Que raconte « Le Tour du monde en 80 jours » sur la nôtre ?
Ce n’est pas à moi de le dire, mais au public ! Mais je pense que c’est intéressant de regarder en arrière un monde, avec ce colonialisme anglais, qui à l’époque de la sortie du roman, était considéré comme acquis. Vu du XXIe siècle, on se demande : « Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Pourquoi des pays comme l’Inde se font-ils laminer par l’autre bout du monde ? » Cela nous permet de voir les choses au travers les yeux de Fogg, qui n’a jamais remis en question cet ordre du monde, qui est resté assis à Londres dans son fauteuil en cuir. C’est fascinant d’arracher ce personnage à sa vie confortable et lui montrer comment le monde fonctionne. Ce n’est pas la façon dont on racontait cette histoire il y a 100 ans. Cela nous permet peut-être de nous questionner sur la façon dont une partie du monde se comporte vis-à-vis de l’autre. Surtout à une époque où l’on ne s’est jamais senti aussi peu internationaux. Nous n’avons pas anticipé ce qui est arrivé quand on a commencé à filmer, mais l’année qui a suivi, voyager est devenu si difficile…
Justement, vous gardez quels souvenirs de ce tournage dans plusieurs pays, en pleine pandémie ?
Entre le premier jour de tournage et le dernier, il s’est écoulé 365 jours, pas les 80 jours que le titre suggérait ! Il y a eu des défis que nous n’avions pas vu venir quand nous avons commencé à tourner, évidemment. Je me souviendrais de ce tournage au milieu de cette période extraordinaire. Quand on a repris, on se faisait tester tous les jours, on portait des masques. Nous sommes allés dans de magnifiques endroits comme Le Cap en Afrique du Sud, on a fait des allers-retours en double pour le désert d’Arabie, le village en Inde, pour l’île déserte, je ne sais où… Et puis nous avons découvert Bucarest et ses magnifiques architectures qui ramènent facilement à Londres et Paris du XIXe siècle. C’était donc un tournage passionnant, merveilleux, mémorable, marqué, évidemment, par le fait qu’il a été réalisé contre vents et marées au beau milieu d’une pandémie.
La série moque les différences culturelles entre Français et Anglais… Comment s’est passée la collaboration avec Ibrahim Koma ? Y a-t-il des différences dans la manière d’appréhender le jeu entre Français et Britanniques ?
Vous savez je suis Ecossais et pas Anglais ! Je ne sais pas, c’est difficile à dire, n’est-ce pas ? L’étincelle d’Ibrahim était contagieuse. Il a une telle légèreté dans son jeu. Je ne sais pas si c’est spécifiquement français, ou si c’est juste lui ? Il a cette espièglerie. J’ai été impressionné. Il ne jouait pas dans sa langue natale, il nous a parlé du défi que cela représentait pour lui, mais nous ne nous en sommes jamais aperçus en le voyant à l’œuvre. J’imagine qu’il rentrait et se battait avec le script. Il est très spirituel et drôle, c’était un plaisir de le côtoyer et d’interagir avec lui. Je n’aurais pas pu souhaiter un meilleur Passepartout ! Avec Léonie Benesch, nous venons tous les trois de pays différents, avec des expériences différentes, mais on a jamais eu l’impression de faire autre chose que de passer un bon moment à travailler ensemble.
William Shatner a été dans l’espace dans la capsule de Blue Origin. Quelle est l’aventure dont vous rêvez personnellement ?
Quelle bonne question ! Il y a un grand débat pour savoir si c’est ce que nous devrions faire. A-t-on besoin de s’envoler dans l’espace alors qu’il y a pas mal de problèmes à résoudre sur Terre ? Je ne sais pas. Après, j’irai n’importe où avec William Shatner ! Ce serait fascinant en soi et bien sûr aller dans l’espace, quelle chose extraordinaire ? J’attendrai peut-être que le voyage puisse être alimenté par l’énergie solaire. L’un des grands défis que nous aurons à relever au cours des prochaines années, décennies, et siècles, est de savoir comment nous pouvons continuer à progresser, à repousser les limites scientifiques, tout en prenant soin de ce qui nous reste pour ne pas épuiser notre potentiel avant l’heure. C’est assez extraordinaire que William ait fait cela, mais il est assez âgé, non ?
Il a 90 ans…
Wow, avoir 90 ans et aller dans l’espace, je lui tire mon chapeau !
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