Lors du dernier Congrès de l’Encéphale qui réunissait les professionnels du secteur jeudi 24 janvier dernier, la ministre de la santé Agnès Buzyn a annoncé une enveloppe de 40 millions d’euros pour financer le "plan Psychiatrie". Ce budget sera notamment alloué à une meilleure formation des étudiants, au développement de la pédopsychiatrie, et à la prévention de la santé mentale.
Sommaire
- Un malaise dans la profession et dans la société
- Des engagements concrets
- Une feuille de route pour 2019
- Une enveloppe globale de 100 millions d’euros
Les
troubles psychiatriques concernent 12 millions de Français. Mais le secteur est en crise depuis plusieurs années : des patients plus nombreux, un personnel en sous-effectif et de moins en moins de moyens. En juin 2018, lors du 1er Comité Stratégique de la Santé Mentale et de la Psychiatrie (CSSMP), la ministre de la santé Agnès Buzyn avait annoncé 37 mesures pour que la psychiatrie ne soit plus “le parent pauvre de la médecine”. Lors du dernier Congrès de l’Encéphale qui réunissait les professionnels du secteur jeudi 24 janvier dernier, la ministre a réaffirmé son engagement et annoncé une enveloppe de 40 millions d’euros pour financer le “plan Psychiatrie”.Un malaise dans la profession et dans la sociétéLorsqu’elle évoque, lors de l’ouverture du congrès, un “malaise de la société toute entière”, Agnès Buzyn admet à demi-mots que les “remèdes” annoncés en janvier 2018 sont “sinon trop lents, à tout le moins trop tardifs”.Cet aveu intervient deux jours après la manifestation des syndicats de soignants, professionnels et familles de patients dans la capitale. Les manques de moyens financiers, de personnel et de formation sont au cœur des revendications. Linda, infirmière à Argenteuil,
interrogé par nos confrères de Libération, estime que les patients sont malmenés et que «”lhôpital psychiatrique est devenu uniquement un lieu de crise. Maintenant, pour être hospitalisé, il faut que les patients arrivent au stade de la crise”.Des engagements concretsDéterminée à s’engager en faveur du développement du secteur de la psychiatrie, la ministre de la Santé a annoncé que l’enveloppe de 40 millions d’euros dédiée à la psychiatrie et à la santé mentale serait accompagnée de “quatre engagements en réponses aux craintes qui ont pu être formulées” :
- La pérennisation des moyens dédiés à la psychiatrie ;
- Le renforcement, dans tous les départements sous-dotés, de l’offre pédopsychiatrique et la consolidation de l’encadrement hospitalo-universitaire ;
- Le déploiement d’une “politique ambitieuse de prévention, de lutte contre la stigmatisation et de développement de parcours de soins coordonnés” ;
- La nomination d’un délégué ministériel à la psychiatrie et à la santé mentale.
Une feuille de route pour 2019La ministre a également réaffirmé les axes développés en juin 2018.Axe 1 : promouvoir le bien être mental, prévenir et repérer précocement la souffrance et les troubles psychiques et prévenir le suicide. L’expérimentation “Ecout’Emoi” sera lancée dans les régions Ile-de-France, le grand Est et les pays de la Loire. L’objectif est de prévenir et prendre en charge “la souffrance psychique chez les jeunes de 11 à 21 ans” en facilitant leur accès à des consultations de psychologue pris en charge par l’Assurance Maladie.Concernant la formation des étudiants en psychiatrie, “la première formation aura lieu à Clermont Ferrand au 1er trimestre 2019″. Enfin, la ministre a dévoilé que le dispositif de “VigilanS suicide” est “aujourd’hui déployé dans 5 régions” et qu’il sera développé dans 12 autres régions fin 2019 avant d’être généralisé en 2020. Axe 2 : Garantir des parcours de soins coordonnés et soutenus par une offre en psychiatrie accessible, diversifiée et de qualitéA l’horizon 2019, Agnès Buzyn prévoit de nommer six hôpitaux universitaires supplémentaires en psychiatrie “pour renforcer les capacités de formation”. Suite à la création de dix postes de chef de clinique en pédopsychiatrie courant 2018, elle promet également l’ouverture de dix postes complémentaires en 2019. Elle a d’autre part évoqué “l’adoption dans la loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2019 de l’article permettant le déploiement des plateformes d’orientation et de coordination et la création du forfait précoce pour les jeunes enfants présentant des troubles du neurodéveloppement”.Axe 3 : améliorer les conditions de vie et d’inclusion sociale et la citoyenneté des personnes en situation de handicap psychique.L’enveloppe dédiée à la généralisation de l’emploi pour les personnes en situation de handicap psychique passera de 5 millions d’euros en 2018 à 7 millions en 2019. Côté hébergement, 250 logements collectifs dits “habitats inclusifs” en faveur des personnes handicapées et des personnes âgées (entre le logement en établissement et le logement autonome) devraient être créés dans l’année. Quant aux logements autonomes, Agnès Buzyn affirme que le dispositif “Un chez soi d’abord”, qui met en place des hébergements d’urgence tout au long de l’année, sera étendu à 22 métropoles, contre 4 auparavant, d’ici 2020.Une enveloppe globale de 100 millions d’eurosEnfin, Agnès Buzyn s’est engagée à préserver le budget de la
psychiatrie. Elle promet en ce sens :
- “Le dégel intégral des crédits mis en réserve au début de l’exercice 2018 : 64 millions d’euros” pour “redonner du souffle aux établissements” accompagné des
50 millions supplémentaires débloqués fin 2018. Tout en sachant que “ce financement est reconductible chaque année”, précise-t-elle.
- La création d’un fond d’innovation organisationnelle en psychiatrie à laquelle sera allouée 10 millions d’euros.
- La possibilité, pour les établissements psychiatriques, d’”émarger aux financements nationaux en faveur de l’investissement qui sont prévus dans
le plan Ma santé 2022 et engagés dans la loi de financement de la Sécurité sociale en 2019″
.
Au terme de son intervention, la ministre de la Santé et des solidarités affirme qu’elle plaidera auprès de l’Organisation Mondial de la Santé pour qu’en 2020 la France accueille et organise le sommet mondial sur la santé mentale et le bien-être, avant de conclure : “Le chemin parcouru depuis notre précédente rencontre est donc conséquent. Celui qui nous reste à parcourir ensemble ne l’est pas moins”.