Après l’appel à la
grève lancé par les médecins généralistes pour les fêtes de fin d’année, ce sont les cliniques et hôpitaux privés qui appellent à cesser toute activité à compter du 5 janvier prochain. Dès aujourd’hui, les étudiants en médecine (les internes) sont en grève, dénonçant des temps de travail inadéquats.
Les cliniques appellent à une grève totale et illimitée dès le 5 janvier.
Hôpitaux et cliniques privées : Un appel à la grève illimitée dès le 5 janvierLes hôpitaux et les cliniques privées devraient être en grève dès le 5 janvier pour une durée indéterminée. Dans un communiqué, la Fédération Hospitalière Privée (FHP) dénonce le projet de loi de santé qu’elle assimile à “une loi d’étatisation, bureaucratique et coûteuse qui (…) risque de provoquer une désorganisation complète de l’offre de soins sur les territoires“.Pour Lamine Gharbi, président de la FHP. “La liberté de choisir son médecin ou son établissement est une liberté fondamentale à laquelle les Français sont attachés. Nous nous battons autant pour notre survie que pour cette liberté-là. Nous n’allons pas rester sans réagir. Nous sommes aujourd’hui en état de légitime défense“.Cliniques en grève : les points de discordeAu-delà de ces déclarations catastrophistes, la FHP dénonce :
- Une organisation d’un système de soins autour de l’hôpital public, en créant un service public hospitalier (SPH) qui exclurait les cliniques du financement des missions de service public. Une inégalité de traitement selon l’organisation professionnelle qui déclare que “Les cliniques et hôpitaux privés subissent déjà une discrimination de financement, avec des tarifs hospitaliers inférieurs de 22 % en moyenne à ceux de l’hôpital public pour une même prestation de soins. S’ils représentent 27 % de l’offre de soins et réalisent 34 % de l’activité de soins en France, ils ne reçoivent que… 17 % des financements hospitaliers de l’assurance maladie“ déclare la FHP dans son communiqué.
- Le renforcement des pouvoirs des agences régionales de santé (ARS) qui piloteront le nouveau dispositif de service territorial de santé au public. “Que va-t-il se passer demain ? », s’alarme Lamine Gharbi. “C’est très simple. Les ARS pourront retirer à l’un de nos établissements une autorisation d’activités de soins ou fermer un de nos services d’urgence parce que l’hôpital public voisin, qui ne va pas bien, a besoin d’un afflux de patients. Nous refusons d’être la variable d’ajustement d’un secteur public structurellement déficitaire“.
Dénonçant un manque de dialogue avec la ministre de la Santé Marisol Touraine, la FHP engage donc un bras de fer en annonçant une grève illimitée. En mars dernier, elle avait déjà annoncé la fin de l’accueil des 35.000 stagiaires infirmiers que l’hospitalisation privée reçoit chaque année.Quelles conséquences pour les patients ?Si cet appel à la grève est très suivi, il pourrait entraîner le report de nombreuses opérations programmées. Selon un porte-parole de la FHP repris par Europe 1, “les cliniques commenceront à ne plus prendre de rendez-vous quelques jours avant le mouvement“.Rappelons cependant que les ARS ont le pouvoir de procéder à des réquisitions de personnels dans les services d’urgence, pour garantir l’accès aux soins et la sécurité des patients si nécessaire.Les internes également en grèveLes étudiants en médecine demandent une réduction de leur temps de travail. Dès 2013, Bruxelles avait demandé à la France de se conformer au droit européen qui prévoit un temps de travail hebdomadaire n’excédant pas 48 heures. Une enquête menée par le principal syndicat des internes en médecine (ISNI) avait révélé que les internes travaillaient en moyenne 60 heures par semaine, avec des semaines allant jusqu’à 90 heures !Fin 2013, la ministre de la Santé avait déclaré que les internes ne pouvaient être “corvéables à merci“. Mais depuis, le dossier n’a pas avancé faute d’accord entre les syndicats et le ministère. “Le gouvernement propose de passer à 8 demi-journées de travail, plus une demi-journée de formation, et une demi-journée de temps personnel“ a expliqué le président de l’Isni, Emanuel Loeb. Mais “pour garantir “plus de flexibilité“ aux internes sans diminuer la qualité de leur formation“, l’Isni demande que la demi-journée supprimée soit fixée au samedi matin, avec une semaine de travail bornée du lundi au vendredi. Le travail du samedi matin serait ainsi compté comme une garde, mieux rémunéré.Fort d’un préavis de grève de 24h déposé il y a presque un mois,
l’Isni appelle les internes “à débuter le mouvement dès lundi avant d’autres mobilisations plus longues dans les semaines à venir“. Salué pour son volet prévention, le
projet de loi santé dévoilé en octobre est critiqué pour le manque de clarté sur son financement. Il prévoit notamment la généralisation du tiers payant, la mise en place des “Class Actions“, un renforcement de la lutte contre le binge-drinking… Prévu pour 2015, le débat au Parlement permettra de savoir si les mesures avancées seront adoptées malgré la grogne de nombreux professionnels. Dernière réaction en date, le
conseil national de l’ordre des médecins dénonce “à l’unanimité que le projet de loi santé n’était pas acceptable en l’état. Il regrette que le texte présenté n’apporte pas les réponses aux problèmes rencontrés par les médecins dans leur pratique, ni aux attentes des usagers dans les territoires, et propose une vision très administrative de l’organisation des soins“.David BêmeSources :Communiqué de l’Insi – 13 novembre 2014 (
accessible en ligne)Communiqué de la FHP – 17 novembre 2014Communiqué du conseil national de l’ordre des médecins – 13 novembre 2014 (
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