Trois études publiées en toute fin d’année 2015 par des équipes de chercheurs différentes sont arrivées à la même conclusion: grâce à une thérapie génique, les scientifiques ont réussi à guérir partiellement la maladie de Duchenne chez des souris. Explications.
CRISPR-Cas9 est un outil qui permet de corriger l'ADN défectueux.
Ce n’est pas pour rien que la revue Science avait sacré la
technique CRISPR-Cas9 comme
découverte de l’année 2015. Cette technique d’édition génétique (également appelée le “scalpel génétique“ ou le “ciseau génétique“ en raison de sa précision) a encore fait parler d’elle au travers de trois études publiées le 31 décembre 2015. Les trois équipes de chercheurs (des universités de Duke, d’Harvard/MIT et du Texas) se sont servies de cette technique pour soigner des myopathies de Duchenne chez des souris.Supprimer le gène défectueux avec la technique CrisprLes personnes qui sont atteints d’une
myopathie de Duchenne présentent deux copies défectueuses du gène DMD, présent sur le chromosome X et servant fabriquer une protéine appelée dystrophine. Cette protéine est essentielle aux cellules des tissus musculaires squelettiques, lisses et cardiaques. Quand cette protéine est manquante du fait d’un défaut du gène DMD, les fibres musculaires s’usent rapidement, provoquant des
dystrophies musculaires évolutives. Il n’existe pas pour l’heure de traitement curatif.Mais les trois équipes indépendantes de scientifiques américains pourraient bien avoir fait un pas en ce sens, en se servant à peu près de la même technique. Les chercheurs ont utilisé des formes d’adénovirus (virus très commun qui provoque par exemple le rhume), afin de cibler préférentiellement les cellules musculaires et utiliser le “scalpel génétique“ CRISPR-Cas9 au niveau du gène DMD des souris malades. Les ciseaux moléculaires ont supprimé l’anomalie génétique empêchant la production de la dystophine. Au bout de quelques semaines, les souris ont produit à nouveau la protéine et retrouvé une partie de leurs fonctions musculaires, fonctions améliorées “significativement“ selon l’équipe du Dr Christopher E. Nelson de Duke University.
Une guérison partielle qui ouvre des espoirs de traitementsLes souris n’ont toutefois pas retrouvé leurs fonctions musculaires initiales, puisque la modification génétique ne s’est concentrée que sur une part du gène (sur un exon). Même si les résultats sont partiels et réalisés uniquement sur modèle animal, ils offrent un espoir pour les patients touchés par cette maladie (environ 30 000 nouveaux cas dans le monde chaque année). L’application à l’Homme de cette technique peut être envisageable, mais prendra des années avant d’aboutir. Violaine Badie
Sources :
1 – Postnatal genome editing partially restores dystrophin expression in a mouse model of muscular dystrophy ; Chengzu Long and al. ; Science 31/12/2015 (
abstract en ligne)
2 – In vivo genome editing improves muscle function in a mouse model ofDuchenne muscular dystrophy ; Christopher E. Nelson and al. ; Science 31/12/2015 (
abstract en ligne)
3 – In vivo gene editing in dystrophic mouse muscle and muscle stem cells ; Mohammadsharif Tabebordbar and al. ; Science 31/12/2015 (
abstract en ligne)